Un 5½
Les nouvelles n’étaient pas bonnes. No4 avait un cylindre cliniquement mort. Après notre retour de l’Arizona et avant notre départ pour les Green Mountains du Vermont, j’avais amener No4 chez le docteur du diesel pour faire prendre sa pression. Et les nouvelles n’étaient pas bonnes. Un des cylindres du vieux moteur 2H fonctionnait avec 100 lbs de compression de moins que les autres… Un peu comme si l’engin fonctionnait sur 5½ cylindres au lieu de 6.
Ça expliquait la dense fumée bleue au départ. C’était aussi pourquoi il était si difficile à faire démarrer par temps frais. Pourtant, le moteur avait des performances tout à fait respectable une fois sa température de fonctionnement normal atteinte: Aucune fumée, même à l’effort, une consommation de fuel décente (12L/100) et une « puissance » satisfaisante (venant d’un 2H, même avec un turbo, c’est surprenant!).
Et vous, que feriez-vous?
Une fois le moteur réchauffé, il semblait si normal que nous n’avons pas hésité à nous perdre en plein désert de l’Arizona avec No4 et à grimper des côtes assez à pic pour rétrograder jusqu’en première vitesse dans le Vermont! Mais sommes nous prêts à prendre le risque de descendre jusqu’en Amérique Centrale/Amérique du Sud sachant fort bien que quelque chose ne va définitivement pas sous le capot? Et vous, le feriez-vous? C’est bien ce que je me disais…
Au début, le simple fait de penser à remonter/remplacer le moteur nous semblait être un si gros projet que nous ne pouvions nous résoudre à y croire. On laissait le temps passer espérant idiotement que le problème se réglerait de lui-même. Mais il allait falloir faire quelque chose. J’avais demandé à mon mécanicien (curieux comme j’ai maintenant MON mécanicien…) de me donner une estimation des coûts pour remonter le moteur. Eh bien, il a estimé le temps nécessaire à environ 40 heures, à $65/hr (ce qui est peu ici), plus toutes les pièces nécessaires (un minimum de $1,500) et les taxes pour arriver à un total d’environ $5,000. Sans compter, bien sûr, toutes les surprises auxquelles on est en droit de s’attendre quand on entreprend une tâche semblable. Il allait falloir faire quelque chose, mais quoi? Abandonner le projet? Partir avec No4 tel quel et risquer le pire en chemin???
Même à l’époque où ils étaient « à la mode », les moteurs 2H étaient rares ici alors, chercher un bon engin usagé pour remplacer le nôtre serait comme fouiller une grange pleine de balles de foin à la recherche de la fameuse aiguille…
Mais la chance sourit à ceux qui osent, et bientôt je tombe sur une petite annonce qui me parle. Elle me parle d’un hangar rempli de pièces de Land Cruiser dont un camion en marche, un autre à débiter et un troisième en pièces détachées. Et chacun de ces trois Land Cruiser possède exactement le moteur dont j’ai besoin! La cerise sur le sunday étant que l’un des moteurs a été démonté, reconditionné à neuf au complet et est simplement en attente de trouver quelqu’un qui le remontera.
C’était comme gagner à la loterie!
Un seul problème majeur: Qui diable va pouvoir m’aider à remonter ce foutu moteur? Vous comprenez, je peux changer l’huile ou remplacer un amortisseur ou les freins mais ré-assembler un moteur, on oublie ça!
J’ai fini par faire une offre au vendeur qu’il s’est empressé d’accepter. J’achête tout si tu m’aides à remonter l’engin (il est mécanicien, lui).
La salle d’opération.
Avance rapide de quelques mois et nous voici prêt à commencer à remonter le moteur. Je fonde mes espoir sur le fait que Gilles (le vendeur) tienne promesse et se pointe..
Déchargement et installation du bloc moteur avec l’aide de mon ami Luc. C’est bon d’avoir de bons amis, n’est-ce pas?
Seulement quelques unes des nombreuses pièce que nous utiliserons. Des boîtes et des boîtes pleines de pièces.
Comme promis, Gilles arrive à l’heure pile. Il est super enthousiaste et prêt à faire opérer sa magie sur le nouveau coeur de No4.
(Peut-être pas la meilleure photo, je l’admet)
Alors on commence à vérifier, mesurer, assembler des morceaux, transformant lentement en moteur une montagne de pièces de métal.
Dégagements de la pompe à l’huile: Check.
Nouveaux roulements principaux (main bearings): Check.
Nouveaux pistons, pins et rings…
Nouveaux roulements de bielles (rod bearings): Check. Eh bien non, pas tout à fait. Il semble que les rods bearings inclus dans le kit de remontage ne soient pas de la bonne dimension. Nous nous tournons donc vers le téléphone et l’internet pour tenter d’en trouver mais il devient vite évident que nous frappons un cul de sac. Devoir payer pour faire machiner un vilebrequin (crank shaft) qui a déjà été vérifié et qui est excellent, simplement pour qu’il s’adapte à nos bearings, ne sonne pas bien du tout à mes oreilles… Déception…
À suivre…