16 jours
Aaaah, que ça fait du bien d’être de retour sur la route.
Après 16 jours parqué devant le garage de Pablo à Calafate.
Tout en conduisant direction nord, vers Bariloche et Santiago, je repense à tout ce qui s’est passé et mon principal regret est que No4 ne se sera jamais rendu à Tierra del Fuego et Ushuaia. Tellement dommage, à seulement 900 kms du but.
.
16 jours. Je pensais virer fou. 16 jours à attendre qu’il se passe quelque chose, la plupart du temps à attendre que quelqu’un au moins essaie de faire quelque chose pour réparer No4.
16 nuits froides et venteuses, à dormir là, dans No4, à attendre.
Ah, il ne manque pas d’hôtels, motels ou de restaurants à Calafate mais le garage de Pablo étant situé dans le parc industriel, les plus près sont a environ 3 kms d’ici, au bas de la côte, vers le centre-ville.
Et je suis à pied.
Oh, j’aurais probablement pu rester en ville et attendre que No4 soit prêt mais, considérant que j’étais constamment sur leur dos et que je mettais le plus de pression possible, si ça a pris 16 jours pour faire le travail, je ne sais vraiment pas combien de temps ça leur aurait pris si je n’avais pas été là… Probablement jusqu’à Noël…
En fait, c’est exactement ce que Elvio, le carrossier, m’a dit quand je suis arrivé et que je lui a demandé:
M: « Euh, tu penses que ça peut aller à quand, avant que je puisse repartir d’ici? »
E: « Hummm… Navidad… »
…Je pense que je vous ai déjà mentionné que je commençais à avoir hâte de voir la fin de ce voyage? Il me semble aussi vous avoir dit que je ferais un pit-stop à Calafate pour voir le glacier et que je serais rapidement de retour en route vers Ushuaia…
Eh bien, on va oublier ça…
.
Je suis donc resté aux alentours, allant à l’épicerie à pied à tous les deux ou trois jours ou, quand c’était possible, empruntant la van de Pablo pour aller en ville pour essayer de trouver quelques pièces localement.
Trouver les pièces fut à la fois une expérience frustrante et des plus agréables et réconfortantes.
Frustrante quand j’essayais de trouver n’importe quelle pièce qui était plus ou moins spécifique aux Land Cruisers.
Je crois avoir mentionné que les trippeux de bagnoles trippaient fort sur No4 parce que les Land Cruisers sont pratiquement inexistants ici, en Argentine. Et, bien sûr, pas de Land Cruisers signifie pas de pièces de Land Cruisers… Au pays…
J’ai appelé tous les vendeurs de pièces automobile, LE concessionnaire Toyota et tous les « recycleurs » de pièces d’autos dans un rayon de 500 kms.
Rien.
J’ai contacté Liu à Santiago et elle a contacté tous les recycleurs de pièces là-bas.
Rien.
Et Santiago, c’est au Chile…
Shit.
Ceci nous amène à la partie agréable et réconfortante.
J’ai choisi un Land Cruiser pour faire ce voyage parce que c’est un véhicule simple, facile à réparer au besoin et… Parce qu’il est facile de trouver des pièces de remplacement presque partout dans le monde.
Le mot clé ici étant « presque »…
Et je ne m’était pas trompé. Il y avait vraiment des milliers de Land Cruisers de tous âges et modèles dans tous les pays visités jusqu’ici.
Mais pas en Argentine. Et, bien sûr, c’est là que No4 a brisé.
.
J’ai donc contacté mon ami French, en Bolivie puisque je savais qu’il était un grand fan de Land Cruisers et qu’il avait des amis qui étaient encore plus fanatiques que lui.
French: « J’ai des amis dans plusieurs clubs en Argentine, je suis certain qu’on va pouvoir trouver ce qu’il te faut. Je te reviens là-dessus. »
Mais bientôt…
F: « Hummm… J’sais pas trop… C’est compliqué… Peut-être que ça serait plus facile de trouver ça dans les pays voisins, comme ici en Bolivie ou au Chile… »
Santa Cruz, Bolivie, là où vit French, était à environ… 5000 kms de distance. Expédier un « boîtier » de différentiel (on va appeler ça un housing à partir d’ici, OK?) et/ou des essieux jusqu’ici coûterait plus cher que ce que vaut No4… Parce que c’était de ça dont il était question. Idéalement, un housing de différentiel et les essieux.
Après deux semaines de recherches pratiquement 100% infructueuses, et confronté à la réelle possibilité de ne jamais trouver ces pièces, localement ou autre, je commençais sérieusement à penser abandonner No4 ici. Ou minimalement, le vendre, avec tout son contenu, au plus offrant…
Mais French et Monina n’ont pas lâché. Ils ont continué de chercher, ont contacté d’autres clubs de propriétaires de Land Cruisers en Bolivie et au Chili, créant des groupes de discussion et expliquant qu’il y avait ce Canadien un peu fêlé qui était coincé à Calafate.
Bientôt, je n’arrivais plus à répondre à tous les messages qui entraient via Whatsapp. Messages de gens qui désiraient aider de quelque manière que ce soit. Tellement que je suis rapicement arrivé à la limite de mon forfait de cellulaire.
Quel excellent timing! Là, ça y était, JE DEVENAIS FOU! À présent que j’était peut-être sur le point de trouver les pièces tant recherchées, le stupide téléphone refusait de coopérer! J’étais coupé du monde! (Bien sûr, il n’y avait pas de WI-FI chez Pablo. Ou plutôt, il y avait du WI-FI seulement il ne fonctionnait pas…).
Un autre voyage de 3 kms jusqu’au petit magasin le plus près, où j’ai pu recharger mon forfait…
Et, aussitôt de retour « en ondes », Félix m’écrivait:
Félix: « De quoi as-tu besoin exactement? »
M: « Un housing de différentiel arrière et l’essieu côté droit. »
F: « Eh bien, j’ai un jeu d’essieux et j’ai aussi un housing, mais il a été « légèrement » modifié pour adapter des ressorts à boudins… De toutes façons, ça coûterait tellement cher de l’expédier que ça n’en vaudrait pas la peine. »
M: « Où es-tu? »
F: » Santiago, au Chili. »
M: » À 2000 -2500 kms de distance… Hummm, combien aimerais-tu avoir pour tes essieux? »
F: » Écoutes, tu fais le voyages que je rêve de faire depuis toujours. J’ai ici un Land Cruiser Troopie série 40 sur lequel je voulais installer ce différentiel flottant. Mais, mon voyage ne se réalisera pas avant encore quelques années, garanti. Je ne suis pas prêt. Ces essieux ne foutent rien ici depuis deux ou trois ans. Je détesterais savoir que tu as dû couper court à ton voyage et abandonner ta machine parce que tu ne pouvais pas la réparer. Je vais t’envoyer les essieux et tu paieras les frais de transport, OK?
Qui sait, peut-être un jour, tu pourras m’en envoyer un jeu pour les remplacer… »
…?!?
WOW !!!! Non seulement je venais de trouver des essieux, je les avais pour… Gratuit! Je n’en croyais pas mes yeux. Le feeling était intense. Ce parfait inconnu venais de sauver No4. Gratis!
F: « Le problème c’est que les essieux ne peuvent pas traverser la frontière. Ça coûterait une fortune en frais de douanes et rien ne garanti qu’ils se rendraient en Argentine. Je vais les expédier à Puerto Natales (Chili) et tu devras te débrouiller pour qu’ils se rendent jusqu’à toi. Je suis désolé, c’est le mieux que je puisse faire. »
M: » T’en fais pas S.V.P., je trouverai un moyen. Écoutes euuuh, je ne sais pas quoi dire, comment te remercier. »
F: » Pas de problèmes. Nous sommes une petite communauté en voie d’extinction. Tu ferais la même chose pour aider un autre fan de Land Cruiser si tu en avais la chance. Je suis heureux de pouvoir t’aider. »
.
J’avais eu mes premiers doutes à savoir que le problème était sérieux quand le premier remorqueur et moi avions essayé, sans succès, de retirer l’essieu arrière droit. L’idée était de débloquer la roue pour qu’il soit plus facile de monter No4 sur la plate-forme de la remorque. Normalement, après avoir retirer les six écrous, l’essieu aurait dû glisser hors du housing sans effort.
Mais pas cette fois. Peu importe à quel point on le martelait ou on essayait de le forcer, cet essieu là n’avait aucune intention de bouger…
On a donc essayé une nouvelle fois de grimper No4 sur le dos de la plate-forme en utilisant mon treuil et celui de la remorque. Le résultat fut le bris de mon câble synthétique d’une capacité de 12,500 lbs. Et, après avoir vu les roues avant de sa remorque se soulever d’environ 60 cms du sol, l’opérateur de la remorque réalisa que son camion n’était tout simplement pas en mesure de prendre No4.
Retour à la case départ. On cherche une remorque.
.
Au moins, j’avais eu de la chance dans ma malchance. Ça aurait pu arriver n’importe où en Patagonie, à des centaines de kilomêtres de toute civilisation. Mais, j’avais entendu le bruit de « Click, click, click » qui provenait de l’arrière de No4, juste au moment où je passais devant un entrepôt du ministère Argentin du transport (ici appelé MOP). Après avoir perdu toute forme de propulsion, No4 s’était finalement arrêté à exactement 300m de l’entrepôt.
.
Bien sûr, à ce moment là, j’ignorais complètement que l’entrepôt était habité 24/7. La seule chose que je pouvais faire était de m’y rendre et espérer y trouver quelqu’un qui pourrait m’aider. J’ai donc laissé Minnie au camion et je suis parti.
Heureux de trouver de la vie au travers de cet environnement autrement plutôt hostile et désert, j’essaie d’expliquer ma situation à l’homme mais il a un accent très très prononcé et devient rapidement frustré de voir que je ne comprends pas tout ce qu’il raconte.
À moi-même: » Bien sûr. Moi aussi je suis enchanté de vous connaître, épais. »
Ce que je comprends c’est qu’il n’a pas de téléphone filaire et, comme je l’ai remarqué, il n’y bien sûr pas de service cellulaire ici. Sa seule façon de communiquer avec le monde extérieur est avec sa radio FM. Il appelle donc son dispatch à Calafate et eux se chargent d’appeler une remorque.
Enfin, ils essaient d’appeler une remorque.
Le très amical personnage devant moi m’explique que son disapatch n’arrive pas à joindre quelqu’un pour l’instant et que je devrai patienter un peu pendant qu’ils essaient de trouver un remorqueur. Puis, il se fait un thé.
UN thé.
À moi-même: » Ah, c’est bien gentil de me l’offrir mais je crois que je vais passer mon tour pour le thé. »
Après un certain temps, las de toute cette hospitalité, je décide de retourner attendre dans No4, avec Minnie. Elle au moins, je la comprend.
.
No4 a brisé vers 10h am. La remorque, la première, s’est pointée vers 5h pm.
En la voyant arriver, je me dis immédiatement: « Ça marchera jamais. Cet engin est beaucoup trop petit. »
Malgré que j’aie insisté sur le fait que j’avais besoin d’une GROSSE remorque, le mentionnant plusieurs fois, voici ce qu’ils m’avaient envoyé. Un vieux pick-up Chevrolet 3500 avec une plate-forme. Ça devait peser la même chose ou moins que les 8000 lbs de No4…
Ceci, combiné au fait qu’on arrivait pas à enlever l’essieu ou débloquer la roue, confirmait ce que je pensais.
Marche pas. Retour à la case départ. On cherche une remorque.
Au moins ce coup-ci, je n’ai pas eu à marcher jusqu’à l’entrepôt.
.
Après une longue discussion entre l’opérateur de la remorque, mon nouvel ami M. Sourire et son dispatch, ils arrivent tous à la même conclusion:
Il nous faut une plus grosse remorque…
Tabarnak.
Il semble que la seule entreprise qui ait une plate-forme qui puisse faire le travail soit une entreprise de location de voiture qui possède sa propre remorque et qui, à l’occasion, effectue des transports privés.
M. Sourire demande à son dispatch de les appeler mais ils n’arrivent pas à les joindre. Il semble qu’ils soient partis sur un appel loin dans le nord et que… Je devrai patienter un peu…plus.
Vers 9h pm, je comprends qu’il ne se passera rien aujourd’hui. Je retourne donc au camion, où Minnie m’attend toujours, et profite d’une accalmie temporaire du vent pour lever le toit de No4, me préparant ainsi à passer la nuit à un peu plus d’un mètre de l’asphalte. Je ne peux m’empêcher de penser que la ruta 40 est LA seule route qui traverse le pays et que, bien que le trafic y soit normalement léger, c’est quand même la voie que tous les camionneurs utilisent, la majorité d’entre eux roulant à 120 – 130 k/h.
Au moment de me mettre au lit, je regarde Minnie et lui dit:
» Tu sais, si un seul chauffeur devait s’assoupir au volant et quitter la voie seulement un peu, ça pourrait bien être ici que se termine cette aventure. »
Mais, en réalité, je m’en balance. Si ça arrive eh bien, ça arrivera. Pour arranger les choses, la nuit est noire et pluvieuse, apparemment une rareté ici, dans ce désert. Et je m’endors, bercé de temps en temps par les camions qui passent.
.
Le lendemain, le matin est froid et humide. J’en ai assez d’attendre. Je suis un peu dépressif.
Et, quand arrive midi, je suis de retour à l’entrepôt et toujours sans nouvelles de la remorque. Je commence à douter qu’on arrivera jamais à trouver quelqu’un qui puisse nous prendre. La seule ville où il pourrait y avoir des chances de trouver une grosse remorque se trouve à 290 kms au sud. On parle de milliers de dollars de remorquage, sans savoir si on pourra trouver quelqu’un pour réparer No4 une fois là-bas.
Il est toujours impossible de parler à qui que ce soit à l’entreprise de remorquage et je commence à en avoir ras le cul. Je décide de prendre le prochain bus pour Calafate et d’aller voir moi-même. Tandis que j’attends le bus, je tente ma chance à faire du pouce (du stop). Première fois de ma vie. À 55 ans. Je ne dois pas être doué puisque le bus arrive avant qu’une seule voiture ne s’arrête…
Une heure et $20 plus tard, on me laisse au terminus et je marche jusqu’à Servi Car, l’entreprise de location. Je parle directement au propriétaire de la place et lui explique mon problème.
Le type: » Soyez ici à 3h pm. Mon chauffeur sera de retour. On ira chercher votre camion. »
Et donc, 30 heures après être tombé en panne, je vois enfin arriver un camion qui puisse nous transporter. Mais, au moment de nous hisser sur la plate-forme, je vois le visage du chauffeur changer d’expression quand on entend « Crrrrraaack…BOOM ». Heureusement, le bruit est simplement causé par le câble qui récupère le jeu sur le tambour du treuil.
.
Tah daaaahhhh!!!!!
.
Chauffeur: » Peso mucho! »
M: « Siiiiiii. »
.
Je demande au chauffeur de me conduire chez le meilleur mécanicien en ville. Il y a plusieurs garages en ville et il les connaît tous. Après qu’il ait fait plusieurs appels, nous faisons face à un nouveau problème. Nous sommes vendredi, il est 6h pm et tous les garages que le chauffeur connaît sont pleins à capacité et refusent tous simplement de regarder No4. J’insiste pour qu’il me conduise à au moins un des meilleurs ateliers pour que je puisse parler à quelqu’un en personne (cette tactique a bien fonctionnée pour trouver une remorque, ça pourrait marcher encore pour trouver un garage…).
Quand j’explique le problème de No4 à un propriétaire de garage, il me dit immédiatement qu’il est désolé mais ne peut pas m’aider.
Proprio: » Tu dois aller voir Pablo. C’est le seul ici en ville qui puisse t’aider. Je ne vois pas qui d’autre pourrait. »
C’est ainsi que nous atterrissons chez Pablo. Nous parlons avec Elvio (que je crois être Pablo, le proprio) qui nous confirme qu’ils peuvent regarder et réparer ça.
YESSSS!
Mais pas aujourd’hui par contre.
» Demain, vers 10h, on va regarder ça. »
Et c’est comme ça que Minnie et moi dormons, ce soir là, dans un parking de station-service, sur une remorque…
Le samedi matin, je suis chez Servi Car à 9:30h, me trouvant un peu sur le tard puisque nous devons être chez Pablo pour 10h.
Mais le chauffeur de la remorque ne se pointe pas avant 11:00h… Ainsi, nous voici chez pablo vers 12:00. Et personne ne s’en formalise. Personne.
Sauf moi peut-être.
Je suis aux anges quand je vois que, par curiosité j’imagine, Elvio (que je prend toujours pour le boss) sort immédiatement et commence à travailler sur No4 pour retirer l’essieu.
D’abord délicatement… (À noter comment le moyeu de roue est rouillé suite à l’exposition à la chaleur extrême et à la pluie).
Puis, il devient un peu plus sérieux…
Finalement, il parvient au moins à retirer le tambour de frein… Pas joli là-dedans…
Mais bientôt, sa motivation s’estompe et, comme l’après-midi s’épuise, il annonce l’arrêt des travaux d’investigation jusqu’à lundi. Et je me prépare à passer un petit samedi soir et dimanche très très tranquille, seul sur le parc industriel de Calafate.
Mais non, je suis maintenu éveillé pratiquement toute la nuit, au début par quelque fiesta quelque part puis, par des coureurs automobile semi-pros (enfin c’est ce qu’ils croient) qui passent à toute vitesse sur la rue non-pavée directement devant No4.
Puis le dimanche, un type se pointe avec une van bien chargée. Il semble bien connaître l’endroit puisqu’il a la clé de la porte… Par pure curiosité et parce que je m’emmerde, je vais vers lui et commence une conversation. Je découvre que c’est LUI Pablo, le proprio, et qu’il revient tout juste de vacances. Tout le temps où il est là, des gens débarquent, hommes et femmes, dont je n’ai aucune idée qui ils sont. Ils arrivent, discutent, rient et prennent quelques bières…
Bien sûr, tout ce temps, PERSONNE ne regarde, en aucun temps, en direction de No4. Sans intérêt.
Baaaah, on est dimanche… Demain de bonne heure, les gars vont arriver et commencer sur No4.
.
Lundi matin, 7h, personne..
8:00, personne.
9:00 personne…
9:30, personne…
Bon, bon, bon un instant là. Je me suis trompé de jour ou quoi? On est dimanche ou lundi???
10:00, personne…
10:30, un jeune arrive avec sa vieille Renault. Lui aussi a la clé. Je vais à sa rencontre et lui demande si Pablo sera là aujourd’hui?
Lui: » Siiii si claro, no hay problema. Pablo viene a la tarde, a las 2:00 o 3:00 pm. »
Fuck!
Mais, à ma grande surprise, Pablo se pointe vers midi! Et il ne prend même pas le temps de retirer sa belle chemise blanche et saute littéralement sur No4!
Au début, utilisant les mêmes méthodes qu’Elvio…Et arrivant aux mêmes résulatats… Puis, il demande à Elvio d’être un peu plus agressif et de chauffer ça sérieusement. (À noter la méthode plutôt relaxe avec les bouteilles de gaz couchées au sol…)
Non. Peu importe la chaleur et peu importe si le moyeu devient rouge, cet essieu ne sort pas de ce housing.
Ensuite, Pablo décide de prendre les choses en main et fabrique un extracteur d’essieu spécialement conçu à cet effet en soudant un autre essieu à l’extérieur…
.
…Sur lequel il glisse d’abord un gros bout de tuyau dans le but de fabriquer un genre de bélier, ce qui est clairement insufisant, puis un vieux moyeu très lourd…
…Qui est tout aussi insuffisant. Même lorsque attaché à sa van…
…Ou à son trois-roues…
Mais encore non! Cet essieu refuse de sortir de ce housing. Point final. (À noter la massue: On a essayé ÇA aussi…)
Et, bientôt, vînt le moment de passer à autre chose. Après tout, les amis, tous les amis, arrivaient, une ou plusieurs grandes bouteilles brunes en main. C’était l’heure de célébrer. Célébrer quoi? Aucune idée. Mais célébrer.
J’ai bientôt compris que c’était comme ça que ça fonctionnait ici. Les employés commençaient à arriver vers les 10h le matin, souvent longtemps après les premiers clients, ils se faisait un petit maté (un genre de thé extra-fort que tout le monde partage) et sirotaient ça en discutant des moments intéressants du jour précédent. Puis, vers les 11h, ils travaillaient sur des trucs jusqu’au dîner, laissant souvent leur travail pour agrémenter le racontage d’histoire de grands gestes comme au théatre. Le dîner était normalement de 1h à 2:30h, parfois 3h. Puis, de 3:30 à 5h, c’était l’heure des commissions (courses). Pablo, Elvio, ou les autres, ou tous ensemble, disparaissaient pour aller Dieu sait où, faire Dieu sait quoi. Ensuite, de 5h jusqu’à environ 7h, du travail était accompli, au travers du racontage d’histoires. Sept heures était normalement l’heure à laquelle débarquaient les amis avec les grandes brunes. Et c’était le temps de célébrer…
.
Mardi était le jour 4 et absolument aucun progrès n’avait été fait à date. Puisque nous étions incapables de retirer l’essieu, je devais prendre une décision.
Soit on coupe l’essieu, le sacrifiant en espérant ainsi sauver le moyeu (lequel on a aucune idée de sa condition sauf qu’il a surchauffé énormément). Ou on coupe le moyeu et le housing jusqu’à l’essieu mais sans couper celui-ci, les sacrifiant ainsi en espérant sauver l’essieu…
D’une façon ou d’une autre, il semblait que les pièces de rechange seraient pratiquement impossible à trouver dans un rayon de centaines sinon de milliers de kilomètres…
D’après Pablo, le problème avait à voir avec le roulement externe. Il pensait que, si on pouvait retirer le moyeu, on constaterait probablement que le problème se situait entre les roulements interne et externe.
J’ai pris la décision de couper l’essieu puisque Pablo semblait convaincu qu’il était cuit de toutes manières.
Oh my God!!!!! C’est officiel: J’ai besoin d’un essieu autrement ce véhicule n’ira nulle part.
.
Au moins, Pablo avait visé juste. Après quelques minutes de combat, il parvient à dévisser l’écrou barrant et enlever le moyeu. Il ne reste RIEN du roulement externe. Par contre l’écrou barrant est ré-utilisable bien que très abîmé, et la plaque d’ajustement est finie. Le moyeu lui, est toujours bon.
Ouf!
.
Nous ne retrouvons rien du roulement sinon de la poussière de métal. Mais où est-il passé? Eh bien c’est là la mauvaise nouvelle.
Quand il s’est désintégré, malgré qu’il soit bien sûr situé à l’extérieur du housing, la majorité des morceaux de métal se sont infiltrés derrière le joint et se sont retrouvés coincé entre l’essieu et le housing. L’inertie du véhicule combinée à la vitesse de rotation et la friction intense ont fait fondre complètement les pièces du roulement, la surface de l’essieu et la face intérieure du housing. Quand j’ai stationné No4, tout ce qui avait été liquéfié par la chaleur a commencé à refroidir et à redevenir solide.
L’essieu était soudé À L’INTÉRIEUR du housing.
Il n’y avait qu’une seule façon de sortir ça de là… Couper le housing.
.
Voici l’essieu, une fois finalement retiré, avec le bout du housing toujours soudé dessus. Normalement, il NE DEVRAIT PAS y avoir de renflement sur cette pièce. Elle devrait être parfaitement droite. Le renflement signifie qu’elle a fondu et c’est déformée. C’est maintenant officiel; j’ai besoin d’un nouveau housing…
.
…Vraiment?
.
Puis, c’est arrivé. Je ne sais pas ce qui s’est passé mais quelque chose a dû se passer puisque plus rien ne s’est passé autour de No4 pour ce qui m’est paru comme un looooooong moment. J’ignore si c’est parce que l’intérêt du « nouveau véhicule en ville » s’était estompé ou si, une fois l’essieu sorti, le facteur de défi a disparu ou si, comme je pense que c’était probablement le cas, Pablo ne voulait plus passer une minute de plus de son temps sur No4 avant d’être convaincu qu’on trouverait les pièces pour le remonter.
Ne voulant pas risquer d’avoir le même problème de l’autre côté, je lui avait demandé de démonter, vérifier et remonter le moyeu du côté gauche. J’avais aussi avisé Pablo que je croyais qu’un joint universel était sur le point de lâcher et lui avait demandé de le vérifier. Aussi, comme le roulement désintégré s’était infiltré dans le housing, j’avais demandé à Pablo de changer l’huile du différentiel arrière.
Chaque jour, quand il était là, je lui re-demandais. Encore et encore. Et je recevais toujours la même réponse:
« Si si claro, no hay problema! »
Mais rien ne bougeait.
.
Le pire c’était que de trouver un housing et de le faire parvenir ici semblait pratiquement impossible. Pablo et Elvio tous deux, avaient mentionné avoir de bons contacts qui pourraient probablement trouver les pièces. Mais, encore une fois, tous les jours, je leur demandais, encore et encore, mais jamais je pouvais avoir une réponse claire. Il y avait toujours quelqu’un qui devait appeler demain ou quelque chose qui devait se passer, ou…
Je pensais virer fou.
Pablo prétendait aussi qu’il pouvait fabriquer un bout de housing comme celui qu’on avait coupé et le souder en place, no hay problema. Ça serait super! Ça voudrait dire que je n’aurais pas besoin de chercher/trouver/faire venir/installer un housing! Mais, tous les jours j’étais sur son dos, lui demandant si/quand il allait commencer à fabriquer cette pièce. Mais non. Il faisait tous les petits boulots que les amis et connaissances lui apportaient tous les jours, sans toucher à No4. Pas parce que ces petits travaux n’étaient pas techniques ou spécialisés. Il est machiniste et il pouvait réparer/souder des roues d’aluminium ou des pièces de moteur. Il fabriquait de grosses pièces ou de minuscules trucs sur son tour d’usinage, de rondelles jusqu’à des pièces de pompe hydraulique. Mais il semblait ne plus avoir aucun intérêt pour moi ou No4.
Je pensais virer fou.
Je songeait sérieusement à prendre un bus et laisser No4 là-bas. En fait, ce qui m’a arrêté c’est Minnie. Les chiens ne sont pas admis dans les bus ici et ce serait quasi impossible de l’amener avec moi. Laisser No4 derrière est une chose, abandonner Minnie en est une autre.
Pour ne pas perdre la raison, j’ai commencé à prendre les choses en main.
Un jour, tout en appelant tous les recycleurs locaux, je démontais le moyeu arrière gauche, remplaçais les roulements et remontais le tout. Le lendemain, après avoir contacté Liu et pendant qu’elle faisait la chasse aux pièces à Santiago, je changeais l’huile du différentiel. Puis, après avoir contacté French en Bolivie, j’ai complètement démonté, vérifié, graissé et remonté les moyeux et roulements avant.
Pablo ne travaillait toujours pas sur No4 mais au moins, quelque chose avançait !
Puis, Félix m’a écrit pour m’offrir ses essieux.
Il les enverrait à Puerto Natales. À environ 300 kms d’ici. Au Chili.
Ah! J’ai eu toutes sortes d’offres d’un peu tout le monde ici pour me les ramener de toutes sortes de façons. Un ami qui passe le weekend là-bas pourrait les ramener. Un camionneur que quelqu’un connaît pourrait les dissimuler dans son camion. Ou, quelqu’un pourrait les mettre sur un bus pour moi… OU…OU…OU…Mais, à chaque fois, à la dernière minutes, il y avait toujours quelque chose qui faisait que, malheureusement, ce n’était pas possible.
Donc, encore une fois, j’ai dû prendre les choses en mains.
J’ai commencé à songer à me rendre moi-même à Puerto Natales. Je ne manquerais pas grand chose ici puisqu’il ne se passait rien de toutes façons.
Je pourrait louer une voiture, aller là-bas et ramener mes essieux moi-même, augmentant ainsi de beaucoup les chances qu’ils arrivent vraiment jusqu’ici.
Puis, j’ai commencé à penser (événement rare…). Il était maintenant clair qu’un nouveau housing de différentiel était hors de question. Je devrais donc me fier sur la parole et les talents de Pablo pour fabriquer/souder un nouveau bout sur mon vieux housing. Est-ce que j’étais vraiment, vraiment certain que je voulais partir avec No4 pour faire les prochains 900 kms (1800 aller-retour) de tundra Patagonienne avec un housing soudé pour me rendre jusqu’à Ushuaia?
Tout d’un coup, ces 900 kms me paraissaient être un sérieux road test!
Peut-être que ce serait une bonne idée d’aller là-bas avec la voiture louée. Ça serait définitivement plus rapide, si elle se rendait, bien sûr…
La même entreprise de location qui possédait la remorque qui m’avait amenée ici offrait cette possibilité. C’était pas gratuit, par contre… Bien sûr, c’était un peu compliqué puisqu’on doit traverser les frontières Argentine – Chili – Argentine cinq fois pour se rendre à Ushuaia et en revenir. Et ce n’était pas toutes les entreprises de location qui le permettaient.
J’ai donc pris une décision: No4 ne verrait jamais la fin du monde; mais au moins moi, oui.
Avant de partir, je me suis assuré que Pablo me garantisse qu’il fabriquerait et installerait la pièce durant mon absence pour que No4 soit fin prêt à recevoir les essieux à mon retour.
Aussitôt que j’ai eu confirmation que mon paquet serait à Natales lundi au plus tard, j’ai loué la petite voiture, préparé un kit de survie basique et je suis parti avec Minnie.
Le véhicule d’exploration Patagonien par excellence…
.
Nous sommes partis un samedi vers midi et, ce même jour, nous sommes traversé au Chili, puis revenu en Argentine, nous avons pris le ferry pour traverser le détroit de Magellan (malgré qu’il ait été hors-service durant trois heures dû aux vents) et nous avons finalement dormi sur l’île de la Terre de Feu… Minnie sur le siège passager et moi sur celui du conducteur. Dehors, le vent hurlait et les flaques d’eau gelaient.
.
Bienvenue en Terre de Feu. Encore une fois, pas du tout ce que je m’imaginais…
.
Pour environ sept cent des neuf cent kilomètres, la partie la plus excitante du voyage c’est traverser les douanes. Heureusement, il n’en manque pas, de douanes….
Tu ne viens pas en Terre de Feu pour le paysage… Tu viens pour… Le défi, j’imagine…
Mais les derniers 200 kms sont plutôt jolis.
.
Puis…
.
…La fin du monde. La fin du plus long tronçon de route de la planète. La réalisation d’un rêve; ou presque…
Ushuaia.
.
Après un voyage de plus de 19 mois, j’ai passé un peu moins de 16 heures à Ushuaia.
Je suis arrivé à 3:30 pm le dimanche et j’ai immédiatement commencé à chercher le panneau. La photo de ce panneau faisait office de « screen saver » sur mon cell depuis que mes amis Français, Laurent et Carole, s’étaient rendus jusqu’ici sur leur BMW en 2012. C’était là mon but « physique ».
.
Mais, depuis octobre dernier, j’avais un autre but. Plus émotif, celui-là. Je voulais compléter ce voyage. Peu importe si je devais le faire à pied, en rampant… Ou au volant d’une Chevrolet Corsa…
Je voulais compléter ce voyage pour France et pour moi. Malgré que, je dois admettre que, au moment de commencer à préparer le voyage, il y a plusieurs années, France m’avait déjà dit que, pour elle, ça n’était pas si important de se rendre jusqu’au bout. Elle m’avait dit qu’après avoir voyagé durant un an et demi, elle serait prête à retourner à la maison, revoir sa famille. Elle m’avait aussi dit que je pourrais continuer le voyage seul si je le voulais et qu’elle me suivrait et me supporterait à partir de la maison.
Pas de farces; c’est ce qu’elle m’a dit.
On a voyagé ensemble 15 mois, elle est retournée à la maison, y est restée, et j’aime à penser qu’elle me suit et me supporte maintenant de là-bas.
.
Après avoir pris la photo pour laquelle j’avais conduit 57,000 kms, je me suis mis à chercher le spot. Pas le spot de camping cette fois-ci. J’avais l’intention de me gâter et de prendre une chambre ce soir là.
Non, je cherchais, et j’ai trouvé LE spot. Puis, j’ai fouillé dans le seul bagage que j’avais. J’en ai sorti une petite boîte blanche avec un mot de six lettres dessus:
FRANCE
Je ne me souviens plus si je parlais à voix haute ou en moi-même, mais je me rappelle bien ce que j’ai dit en prenant la petite boîte:
« Viens Minou, on est arrivés. On est rendus. On a réussi, tous les trois. Viens avec moi. »
J’ai marché jusqu’à la promenade (boardwalk) au bord de l’eau. Il y avait un petit endroit qui faisait un demi-cercle et qui surplombait la baie.
Ce serait le spot parfait.
J’ai ouvert la boîte et sorti le petit sac zip-lok. Je me suis mis à tourner sur moi-même tout en laissant s’échapper la poudre grisâtre.
J’ai laissé France partir avec le vent pour son ultime voyage.
« Adieu mon amour. Tu sais que mon bazou n’est pas vite vite mais un jour, je te rejoindrai. On se reverra de l’autre côté. »
C’était fini. Après avoir vécu ensemble 25 ans, après avoir passé 15 mois dans moins de 50 pieds carrés, c’était fini. Ça avait été une Aventure. L’Aventure de la vie, de l’amour, des voyages et de la mort. Je ne le réalisait pas avant le 20 octobre 2015 mais, j’aurais bien aimé que ça continue. Mais, c’était fini.
Ce soir là, j’ai célébré mon « exploit » seul avec une excellente parilla et une bouteille de vin. Je me suis couché tôt.
————————————————————————————————————————————————————————————
À 7h le lendemain, j’étais en route pour Puerto Natales où mes essieux devaient arriver. Je suis arrivé vers 7h pm et j’ai eu confirmation, via internet, que mon paquet était disponible. J’ai trouvé les bureaux du transporteur mais… Ils fermaient à 5h pm. Il y avait une dame à l’intérieur, j’ai donc tenté ma chance. Mais, j’ai eu beau cogner, gesticuler et faire toutes sortes de « por favor » de l’autre côté de la fenêtre, il n’y avait rien à faire, il n’en était pas question.
Je crois que ma chance avec les Chiliennes aussi, c’est fini…
J’ai eu mes essieux le lendemain vers 10h (on dirait que rien ne se passe vraiment avant 10h ici non-plus…) et j’ai pris la direction de Calafate.
Voici ce à quoi ressemblait la petite voiture après Tierra del Fuego.
.
Je suis revenu au parc industriel de Calafate au milieu de l’après-midi. J’avais hâte de voir si Pablo avait tenu promesse et si No4 n’attendait que les essieux pour repartir.
D’après vous?
Bien sûr que NON!
Je pensais que j’allais virer fou!
Voyez-vous, la situation était délicate. Il manque une roue à ma bagnole, c’est pas comme si je pouvais dire à Pablo d’aller se faire f….. et aller voir ailleurs. Et même si je pouvais aller ailleurs, il n’y avait nulle part où aller puisqu’il était le seul en ville à pouvoir me réparer ça. Enfin, on m’a dit qu’il pouvait réparer ça…
Comme je n’arrivais pas à trouver les mots pour le convaincre sans risquer que ça produise l’effet contraire, j’ai décidé de changer de tactique. J’ai commencé à le suivre partout où il allait. Je ne disais pas un mot mais, chaque fois qu’il se retournait, j’étais dans sa face. Si il travaillait sur une moto et allait chercher un outil, j’étais dans son chemin. Il travaillait sous une voiture? Je m’accroupissais et le regardais travailler. Il se tapait un petit maté le matin? Je m’asseyais devant lui et le regardais.
Crisse, quand il allait chier, j’étais là quand il sortait des toilettes (non, je ne l’ai pas suivi jusque DANS les toilettes… Mais j’en ai eu envie!)
J’ai eu des résultats.
Il a commencé a travailler de façon intermittente sur la fabrication de mes pièces. Mais il ne fallait pas le lâcher. Chaque fois qu’il laissait tomber mes trucs pour faire autre chose, je le suivais partout. D’ailleurs, je le suivais aussi partout QUAND il faisait mes choses!
.
Un de ces tubes à été désigné volontaire pour devenir un bout de housing de différentiel.
.
Première étape.
.
Puis.
.
Et finalement.
Après deux jours complets à lui souffler dans le derrière du cou et à insister en disant qu’il n’était pas question que je passe un autre weekend ici, j’ai eu de meilleurs résultats encore. Pablo a passé la journée complète de vendredi à fabriquer et installer mes pièces. Il s’excitait à l’occasion quand il me voyait gèrer ses clients et leur dire de revenir demain parce que Pablo était occupé!!!
Mais enfin ceci:
.
Est devenu cela:
.
Honnêtement, j’étais impressionné. Le gars savait vraiment ce qu’il faisait. J’ai commencé à penser que ça pouvait peut-être vraiment marcher!
Mais quand même, c’est seulement le vendredi 5:30 pm qu’il se décidait de souder le nouveau bout au housing.
.
Un beau chanfrein bien profond.
La nouvelle pièce maintenue bien en place par un outil de centrage spécilalement conçu à cet effet (en réalité, juste un autre viel essieu qui se trouve à avoir le bon diamètre)
On chauffe bien la zone avant et après le soudage. Avant pour pré-chauffer le matériel et après pour ne pas qu’il refroidisse trop rapidement.
On soude.
Et finalement, on couvre le tout toujours pour éviter un refroidissement trop rapide.
Plus tard, je commençais à ré-assembler le tout. Pour me rendre compte, à mon grand déplaisir, qu’un des joints d’étanchéité n’a pas le bon diamètre.
Il est 8:30 pm, un vendredi soir et le magasin de pièces fermait à 8:00h.
Est-ce que je devrais passer un autre weekend ici pour un stupide joint?
J’ai demandé aux gars et ils m’ont dit que le magasin était ouvert le samedi matin.
Mais est-ce qu’ils auraient le bon joint en stock? Ou est-ce que quelqu’un en ville l’aurait???
.
Le lendemain, je me suis rendu à pied au magasin de pièce. J’étais là à 9:30. Bien sûr, ils n’ouvraient pas avant 10h… Mais au moins, j’ai eu de la chance; ils avait ce qu’il me fallait.
De retour au garage je finissais de remonter tout ça quand je vois qui apparaître?
Mon ami Jil!
Comment ce gars là peut-il avoir le don de toujours se pointer aux moments les plus critiques me dépasse complètement ! Mais il est là et les retrouvailles sont bien agréables.
Je termine mon travail et bientôt, Jil assiste aux premiers mouvements de No4 depuis 16 jours.
.
Après une petite randonnée de 40 kms sans problème, je règle avec Pablo, me tape quelques gorgées d’une grande brune partagée et… Je suis libéré.
Ce soir, je célèbre de nouveau avec une bonne parilla et une bouteille de vin. Seulement ce soir, je ne suis pas seul. L’amitié est une chose merveilleuse .
Merci Jil.
————————————————————————————————————————————————————————————
Aaaah, que ça fait du bien d’être de retour sur la route.
Après 16 jours parqué devant le garage de Pablo à Calafate.
No4 ne verra jamais Ushuaia mais moi je l’ai vue. On l’a vus. Tous les trois.
.
Les presque 3000 kms de route de retour vers Santiago se font sans ennuis; pour ce qui est de No4 au moins…
Deux jours avant d’arriver, alors que nous sommes toujours en Argentine, je m’arrête pour la nuit dans un terrain de camping. J’ai besoin d’une douche. Vraiment besoin.
Quelques minutes après que j’aie fini de nous installer, j’entends du bruit dehors. Comme une bataille… De chiens. Pour une raison X, les deux gros chiens de la proprio du camping ont attaqués Minnie. Par chance, ça c’est passé tout près de No4. J’ai donc pu sauter dans le tas et les séparer rapidement.
Minnie est maganée (en mauvais état). Un peu plus et je revenais seul. Histoire courte, ça lui prendra trois visites chez deux vets différents, 12 points de suture, des anti-biotiques, des anti-douleurs et un mois avant qu’elle ne soit rétablie à 100%.
Mais elle va mieux maintenant. Pratiquement comme s’il ne s’était rien passé. Endurante, la petite Minnie.
————————————————————————————————————————————————————————————
Le vendredi 18 mars, j’arrive au Parque Metropolitano de Santiago, là où je suis allé… Ce sera ici que j’attendrai le prochain bateau qui ramènera No4 en amérique du nord.
Ça avait été toute une Aventure.
J’avais réussi. Je l’avais fait.
Pendant tout ce temps d’attente et toute cette période difficile, j’avais eu beaucoup de support. Du support de la famille et des amis comme vous. Je le mentionne avec plaisir et je l’apprécie beaucoup. Mais une autre personne m’avait aussi continuellement supportée et beaucoup aidée moralement. Elle est LA raison principale pour laquelle JE NE SUIS PAS VIRÉ FOU.
Aujourd’hui, au moment où se termine cette histoire, Minnie et moi espérons qu’une nouvelle Aventure nous attend.
Avec Ljubica.
Merci d’être là, Liu.
Fin…De cette histoire…
Merci.