Aduana
Aux douanes Chiliennes je commence par ouvrir un sac de poubelle neuf.
Dedans vont:
Yogourt, restes de piment vert, ail, oignons, viande froide, un oeuf, 5 tranches de fromage… Bref, il me reste le principal, la bière et le vin.
Pas compliqué, tout ce qui est végétal ou un dérivé de végétal doit aller aux poubelles ainsi que toute viande ou produit animal.
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Juste au moment où le type du ministère de l’agriculture arrive, j’suis prêt.
“Oh! Vous avez un chien!”
“Euhh, oui.”
“Vous avez les papiers requis?”
“Euhh, oui, je pense…”
Il prend mes papiers et retourne dans son bureau. Pendant ce temps, je fais estampiller mon passeport. Une formalité. Bing-bang, c’est fait. Par contre, on me fait aussi remplir un formulaire qui spécifie que je n’importe AUCUN produit végétal ou animal. Formulaire que je dois signer et qui mentionne des amendes pouvant atteindre $300 US par produit non-déclaré…
Euhh, les pinottes c’est végétal ça… Ça compte-tu? Pis dans la bouffe à chien, ya ben des cochonneries animales certain… Hummm…
Je coche “OUI” à importez-vous des trucs…On verra.
(La beauté de voyager seul, c’est que je ne risque pas de mettre quelqu’un d’autre dans le caca avec mes niaiseries.)
Je retourne au camion et j’attend. Une demie-heure… quarante-cinq minutes… Pendant ce temps, un autre couple de genre de douaniers vient me voir pour préparer mon permis d’importation temporaire pour No4.
Sont efficaces, les Chiliens. Première fois qu’on courre après moi pour faire mes papiers. Bref, bing-bang, le permis est fait. Bon pour 90 jours.
Mais j’attend toujours le gars de l’agriculture… Pis ça va faire quoi si il refuse Minnie? On défait tous les autres papiers pis je retourne en Bolivie…
J’entre dans son bureau comme il achève de remplir divers formulaires.
Il ne me reste qu’à signer.
Yessss.
On retourne au camion pour qu’il puisse vérifier que je n’importe pas de produits toxiques et dangereux comme…des oranges, mettons. Mais, en chemin, sa femme arrive avec ses deux enfants et ses deux chiens.
Placotage. Un autre quinze minutes à attendre.
Finalement, il arrive, ouvre la porte du frigo et, n’y trouvant que de la bière, du vin, de la senteur d’oignon et des poils de chien, la referme aussitôt.
“Bienvenidos en Chile.”
“Gracias.” (Yesss, j’ai sauvé mes pinottes!)
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Chi-Chi-Chi-le-le-le.
Minnie dit; “Ouf, j’ai eu chaud!”
Premier stop; San Pedro de Atacama.
Petite ville ultra-touristique d’où partent la plupart des excursions vers les attractions environnantes. Et il y en a beaucoup. Mais, comme la majorités répètent un peu ce que je viens de voir en Bolivie, geysers, volcans, lacs aux eaux colorées, je me contenterai de voir la valle de la luna qui diffère un peu du reste.
N’empêche que j’aime bien l’endroit. Après tous les événements récents, les fêtes, le trajet très exigeant en Bolivie, je crois que je vais prendre une pause et camper ici un moment. De plus, j’adore le climat. Chaud et sec le jour et frais la nuit. Maravilloso. Si seulement le vent d’après-midi pouvait se calmer…
L’église de San Pedro.
San Pedro, là où les oiseaux de nuages volent à la pleine lune (OK, je devrais peut-être limiter ma consommation de vino cheapo…)
San Pedro. là où on arrose la terre pour la faire pousser…
Après quelques jours, je décide d’aller voir les “lagunas altiplanicos”. Je m’informe et on me dit qu’elles sont à 120 kms de San Pedro vers le sud est.
Il n’y a qu’un seul poste d’essence à San Pedro et la file atteint les 15 véhicules. Qu’à cela ne tienne, il me reste le quart du réservoir et j’ai toujours 35 litres de réserve que je trimballe depuis l’Équateur et que j’aimerais bien utiliser. De plus, je ne me sens pas la patience d’attendre donc, on y va.
Erreur.
Le nom le dit pourtant: Les lagunas altiplanicos sont…sur l’altiplano. Ça monte sans arrêt à partir de San Pedro et pour… 200kms, pas 120…
Il n’y a aucun poste d’essence sur cette route, le plus près étant à… San Pedro. Basé sur l’expérience acquise en traversant les 13 pays précédents, je me dis que C’EST IMPOSSIBLE que personne ne vende de pétrole nullepart sur cette route. IMPOSSIBLE.
À Socaire: Bingo!
Bien sûr, il le vend le double du prix, mais bon. On m’a déjà dit que, quand on a du temps, on peut toujours sauver de l’argent et que, quand on n’a pas ou on ne prend pas le temps, eh bien on arrive au même résultat mais ça coûte plus cher. Je paye pour ne pas avoir eu la patience d’attendre en file…
Sexy!
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Joli quand même, le décors en cours de route.
Mais les lagunas sont plutôt décevantes. Correctes mais ne justifient pas les 400 kms aller-retour…
Mon spot de camping près d’un oasis au retour vers San Pedro.
La valle de la luna par contre, ça vaut la peine. De plus, c’est à quelques kilomètres seulement de San Pedro. Je laisse les photos parler.
Los tres Marias
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P.S.: Le 20 Chilien.
Comme à chaque 20 du mois, le matin de ce vingt janvier est très difficile. Déjà 3 mois que France est partie. Comme j’aimerais que ce soit il y a 3 ans, 30 ans. Ça ferait moins mal me semble.
Je n’ai pas grand chose au programme aujourd’hui et je reste à flâner à l’hostal. En soirée, David et moi discutons, attablés au patio. Nous bloquons sur un terme en Espagnol et je demande aux filles de la table voisine comment on dit « monk » (moine) en Espagnol. Les filles me comprennent mal et nous donnent la traduction de « monkey »! S’en suit toute une conversation des plus mélangées entre l’Espagnol particulier du Chili, mon Français et l’Anglais de David.
Paty vient à notre table et devient notre guide officielle pour une visite virtuelle des attractions de San Pedro. Pas compliqué; elle les a toutes vues et nous les décrit autant en gestes qu’elle nous les montres en photos. Sa copine Liu, plus discrète, apprécie le spectacle de l’autre table.
Plus tard, David décide d’aller manger une bouchée et je change de table. On discute et prend un p’tit coup, elles à la bière, moi au rum. D’agréable compagnies, elles m’expliquent qu’il y a une semaine qu’elles sont là et repartent le lendemain. Elles ont pratiquement tout vu de San Pedro et le racontent de façon très intéressante.
La soirée dure jusqu’aux petites heures du matin et la journée se termine infiniment mieux qu’elle a commencé. Mais ça, les filles n’en savent rien. Merci mesdemoiselles, pour m’avoir permis d’oublier la date d’aujourd’hui pour quelques heures.
Au matin, nous échangeons nos emails et blogs comme je l’ai fait au moins cent fois depuis le début du voyage.
Adios et gracias Paty et Liu. Merci.
Au prochain épisode: Le Chili, plein sud.
À suivre…