Le salar
Définitivement un des points forts du voyage.
Quelques unes des impressions que le salar vous laisse:
Liberté totale, perte de toute notion du temps et de l’espace, conditions météo extrêmes, émerveillement devant l’immensité, etc, etc…
Les accès présentent le premier défi. Alors que le salar lui-même est solide comme du roc, les accès sont souvent mous. Il n’est pas rare que même les guides des tours opérateurs s’enlisent…
Premier spot touristique, l’hôtel de sel. Eh oui, Québec a son hôtel de glace, ici c’est un hôtel de sel…
Je me stationne juste au-dessus de ce petit camion et, comme tout le monde, j’essaie de prendre des photos sans-dessein.
Il est gros mon No4, hein.
Ça c’est de la grrrrrrosse bière, mon homme.
Z’avez remarqué l’accoutrement? Pour la PREMIÈRE FOIS depuis le début du voyage, en juillet 2014, je dois utiliser de la crème solaire. Ici, un peu comme chez-nous en hiver, toute la peau DOIT être protégée. Par contre, contrairement à chez-nous, ici la peau ne gèle pas, elle brûle.
Bref, ça fait quelques minutes que je déconne avec la caméra quand…des trippeux arrivent.
(À noter la Gopro sur la porte arrière gauche. Personne n’a touché à ça, ni à rien d’autre, d’ailleurs)
Et bientôt, tout le monde veut sa photo avec le Gringo pis son truck.
Si ils sont gentils, les Boliviens? Un des trippeux est le président du club de 4X4 de LaPaz. Il n’en finit plus de me féliciter et tout et tout. Pour me souhaiter la bienvenue, il me remet deux auto-collant de son club et… Un grand drapeau de la Bolivie.
Je suis touché.
Merci. Sincèrement.
Après « une entrevue » aux trippeux sur les différents atouts de ma bagnole que je donne avec trois téléphones cellulaires dans la face qui filment le tout en vidéo, je déclare fini le vedettaria et je reprend la… route??
En avant.
En arrière.
Jusqu’à l’île de Incahuasi, autre spot touristique…
…Où Minnie rencontre un petit Bolivien bien à son goût.
Minnie: « Les mâles sont tous pareils. Enwoueilles-donc, j’ai le goût, là. Fais pas le chien. »
Lui: « Pfffff, chu pas un mec de la première fois, moi. Oublies ça, t’auras rien. »
Je pense qu’il va falloir que tu dormes sur ton envie, Minnie.
Quelques clichés intéressants.
Woah, la trail est mauvaise icitte.
Voyez la petite crotte juste en haut à droite du cactus? Eh oui, No4.
Une fois passé l’île, la concentration de touristes diminue considérablement. Par endroit, il n’y a plus de « route » du tout.
C’est tout un thrill d’être seul là, sans route ou signalisation d’aucune sorte et de se fier uniquement sur le GPS pour savoir dans quelle direction aller.
Et c’est ici que tourne le cinquantième mille kilomètre du voyage.
Et oui, pour ceux qui se le demandaient, il y a de l’eau en-dessous…
Après environ 150 kms de sel, je vois venir la fin.
Salar d’Uyuni: Check.
Aussitôt sorti du salar, j’ai toute une surprise.
Depuis le début, je suis aveuglément le tracé GPS que quelqu’un m’avait donné. Bien sûr, un tracé ne donne pas les conditions de la « route ». À son crédit, je dois dire que l’ami qui m’a donné ce tracé ne l’a jamais fait lui-même puisqu’il lui a été donné par quelqu’un d’autre… Mais, histoire courte, le trail est atroce. La première vitesse courte (LOW) est trop vite par endroit et je dois débrayer sans arrêt…
Ici, la petite bourgade de Yonga.
On dit qu’un photo ne rend jamais justice à un endroit ou une situation. Pour ce qui est de la piste défoncée, celle-ci en démontre assez bien les conséquences comme je les ai trouvées au premier arrêt….
En plus, le paysage est pittoresque, mais pas incroyable.
Bientôt, un nouveau problème se pointe. Normalement, j’ai une autonomie d’environ 700 kms avec mes réservoirs de fuel. Pas de problèmes, il n’y a que 535 kms entre Uyuni et San Pedro de Atacama au Chili.
Normalement. Genre à 70 – 80 km/h. Je suis bon pour 700 kms. Mais pas à 0 – 10 ou 15 km/h…
Bref, ça commence à être de plus en plus évident, je n’ai pas assez de carburant pour me rendre à l’autre bout.
Je demande dans chaque minuscule patelin où je passe si quelqu’un aurait du diesel à vendre et à chaque fois c’est la même chose; on m’envoie voir lui, qui m’envoie voir elle, qui m’envoie par ici et qui m’envoie par là-bas… Pas de fuel. Au final, j’en ai brûlé plus que j’en ai trouvé…
De plus, je n’ai pratiquement plus un Bolivianos ($) sur moi. En sortant de cette route, rappelez-vous, je traverse au Chili, où les Bolivianos sont totalement inutiles. Comme j’ai un minimum de bouffe suffisant pour passer les quelques jours entre Uyuni et San Pedro et comme je prévoyais avoir amplement de fuel, je n’ai gardé que le strict minimum de cash.
Donc voici comment la situation se présente. Bas en fuel, pas de Bolivianos, pas de station service…
Intéressant.
Je tente ma chance encore une fois et fais un petit détour vers à Alota où, sur mon GPS, on indique une station service.
Pas de station service.
Je demande et on me dit de me rendre à un prochain village, 30 ou 40 kms dans une autre direction. Avec le succès que j’ai eu à date, j’ai pas très envie de brûler tout ce fuel sans savoir… Je me présente plutôt à l’hostal qui se situe à l’endroit exact où mon GPS indique une station service. Je demande au vieux monsieur (y doit ben avoir 90):
Moi: « Hay diesel aqui? »
Le Père: « Diesel? »
M: « Si… »
Le bonhomme: « Cuanto nessecite? »
M: « Euhhh como 30 litros. Hay? »
Le vieux: « Si, si hay. »
YESSSSS. Le bonhomme a quelques jerrycans qui traînent entre le salon et la cuisine de l’hostal.
Mais, j’ai toujours pas de Bolivianos pour payer pis je ne m’attend pas à ce qu’il me fasse crédit.
M: « Euhhh acceptan los dolares Americanos? »
Son père: « ??????? »
M: « Si? »
L’Ancêtre: « Hummm si, si voy a acceptarle ».
RE-YESSSSS! Pis le prix? On s’en sacre. Mais c’est un peu plus de $1.25 US du litre ou $4.73 US du galon ou $1.63 CAN du litre. Ben raisonnable. J’en prend 40 lts, $50 US.
Même au sud de Alota, où j’aurais cru que le paysage aurait changé, ce n’est pas vraiment le cas. Dommage.
Signalisation routière de la ruta de las lagunas.
La piste suit la « rivière »…
…Et m’amène à une plantation de Coke…
Lentement, subtilement, le changement s’opère et le décor devient plus intéressant. Je dis lentement, c’est sûr que, quand tu roules en première à 10 ou 15 km/h pendant 3 ou 400 kms, y a pas grand changement qui se produit très vite, hein.
Voici un beau spot pour ce soir. »Minnie, c’est ici qu’on dort à soir. »
Le matin.
Un jour, on finit par arriver à laguna Colorada et là, c’est comme atterrir sur une autre planète.
Des flamants roses par milliers.
Des vigognes à la tonne.
Quelque part entre laguna Colorada et les lagunas verde et blanca, un endroit me parle.
Seuls, avec les flamants roses…
Ma petite source thermale à moi tout-seul. C’est ici ce soir, c’est sûr.
Au matin c’est frisquet. À 6:00 am…
Mais, à 9:00 am au soleil…
Entre 6 et 9h, on explore un peu les environs en attendant que ça se réchauffe.
Vue de ma salle de toilette.
Puis vers 9:00h, c’est l’heure du bain.
Baignoire avec vue.
Maintenant, je suis en forme pour la dernière étape. En principe, ce soir on dort au Chili.
En chemin, un petit arrêt aux geysers.
Ce qui m’impressionne le plus ici c’est que je suis complètement seul, qu’il n’y a aucune indication ni aucune barrière d’aucune sorte. Liberté totale… Et risque inclus… Rien ne dit si il est sécuritaire de marcher ici et pas là…
Je savais que le poste de douanes où on doit se présenter pour faire canceller le permis d’importation temporaire du véhicule est tout près d’ici, c’est-à-dire à 80 kms de la frontière. Par contre, j’ai lu sur un blog de voyageurs, qu’un nouveau poste de douanes était maintenant ouvert à la frontière.
Ça me tente-tu moi, de faire le 160 kms aller-retour en première si, pour une raison X y a pas de douanes à la frontière?
Bref, je vais voir si je peux faire canceller le truc ici puis, au pire, je me rendrai à la frontière si ça marche pas.
Cinq souriantes minutes après mon arrivée, je ressort, papiers étampés en main. Le seul hic c’est que je ne sais pas au juste combien de temps me prendront les derniers kilomètres et si ça pose un problème de sortir demain ou même plus tard, si jamais il y avait un pépin.
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’en Bolivie, y font pas de farces avec ça. Quand tu entres au pays, ils te donnent un permis temporaire pour un certain temps, genre 90 ou 30 jours. Si tu te présentes pour sortir du pays genre le lendemain de la date limite, pas de problèmes, ils saisissent le véhicule. Point.
Fini. Perdu. Je connais un type qui a perdu sa moto de $10,000 pour 10 hrs de retard. Et un couple d’Européens, une Land Cruiser de $80,000. Partie.
Pis ça adonne que j’ai pas le goût de faire le reste à pieds.
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On approche de la fin. Voici laguna blanca.
Laguna verde.
Et la frontière.
Cocasse. Depuis la Colombie, où se faisait « arrêter » jusqu’à 3 fois par jour pour vérifications, j’ai décidé que, peu importe qui et où on me fait signe d’arrêter, peu importe la barrière, si elle est ouverte ou si il n’y a pas quelqu’un debout au milieu de ma voie, je ne m’arrête plus. À moins de passer sur le corps de quelqu’un si je continue, bien sûr.
Je me souviens donc bien de cette barrière ouverte, il y a quelques centaines de kilomètres. Aucune idée de ce à quoi elle servait. Jusqu’ici.
Aussitôt arrêté, un type vient me voir et me demande mon boleto.
« Perdon? »
« Boleto. Boleto del parque. »
« Euhhh, cual parque? No tengo. »
» Son 150 Bolivianos senor. »
« Euhhh, hay problema. No le tengo. »
Et il me demande de le suivre au bureau, ce que je fais. Je lui explique que je n’ai pas 150 Bolivianos sur moi. La banque la plus près est à 400 + kilomètres, en première, pis ça ne me le dis pas. Je lui demande si il accepterais de prendre tout ce qui me reste (c’est drôle comme à lui, je n’ai pas offert de payer en US…). Il part voir son boss et, quand il revient, tout ce que j’ai de Bolivianos est sur le bureau, incluant la petite monnaie.
97,45 Bols. Il sourit. Et me fais un boleto. Très professionnel. Je sors du parc. Je vais faire quoi avec le boleto? Un souvenir, qu’il me dit.
Merci, hasta luego.
Et je suis en route pour la dernière étape, l’immigration 3 kms plus loin.
Ah, et la douane pour la bagnole, elle? Fermée ben dur…
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Je ne suis pas plus de 4 ou 5 minutes à l’immigration et je ressort avec un passeport estampillé.
Adios, Bolivia.
Dans le prochain épisode, les douanes Chiliennes…
À suivre…