C’est d’la marde.
Comme tous les voyageurs, je suis esclave. Esclave d’internet. Tous ceux qui voyagent plus loin que les États-Unis le savent, à partir du Mexique, internet c’est d’la marde. Marche pas quand y a des nuages, marche pas quand y pleut, marche pas quand y vente, marche pas quand… y fait trop soleil..
Mais ici, à Sucre, c’est le boutte d’la marde. Je demande s’ils ont wi-fi et la réponse est oui, bien sûr. Mon ordi connecte au routeur. Full signal accoté, 5 barres. Mais pas d’accès à internet. Cul-de-sac au routeur.
Aujourd’hui, ça l’air qu’y a un fil de coupé quelque part. Reste juste à le trouver…
Je passe donc une petite veille du jour de l’an très tranquillo à l’hostal Pachamama en compagnie de jeunes d’un peu partout sur la planète. Bien sûr, y a les traditionnels feux d’artifices à minuit…et les traditionnelles fiestas qui durent jusqu’à 7h le matin du jour de l’an mais, à part ça, rien de bien nouveau.
Voyager avec un chien
Beaucoup de gens demandent: « C’est-tu ben du trouble de voyager avec un chien? »
Je vais vous donner un exemple.
Tous les « overlanders » (c’est comme ça qu’on appelle ceux qui voyagent par voie terrestre comme moi) le savent, les douaniers Chiliens prennent leur job à coeur (en fait, c’est pas comme ça qu’on le dit entre nous autres mais comme des enfants peuvent lire ceci, on va rester poli…). AUCUN fruits, légume, produit laitier, oeuf, aucune viande d’aucune sorte, aucun produit dérivé d’animaux, aucune plante etc… n’entre au Chili en provenance d’un autre pays. Point final.
Par contre, on peut y entrer avec un chien ou un chat…si on a les bons papiers…
J’ai attendu 4 jours à Sucre que le vet ouvre ses portes à cause des fêtes pour me faire dire que, après qu’il aurait fait les papiers, c’est-à-dire examen de Minnie, traitement anti-parasites (puces et tiques), certificat de vaccination et certificat de santé, il fallait que ces papiers soient approuvés par le ministère de l’agriculture et que j’aurais juste trois jours pour sortir de Bolivie et entrer au Chili. J’étais à 7 ou 8 jours de la frontière donc y en était pas question. Je suis donc parti vers la prochaine ville (Potosi) où j’ai trouvé un autre vet l’après-midi même. Même histoire que les papiers doivent être approuvés par le ministère de l’agriculture mais là c’est encore plus compliqué parce qu’on doit utiliser un formulaire officiel du collège de vétérinaria de Bolivie.
Le hic c’est qu’il n’y a pas de bureau du collège de vétérinaria dans cette ville. Le plus proche est dans une ville qui n’est pas du tout sur mon chemin. Le vet me propose de demander à SENASAG (ministère de l’agriculture) si ils accepteraient une lettre que lui même rédigerait et qui certifie que Minnie est en bonne santé et qu’elle a reçu ses vaccins. Ben sûr, je veux bien essayer. Sinon, il faudrait faire venir le formulaire de nuit par autobus parce que la ville la plus proche où il y a un bureau du collège des vets est à 6 heures de bus d’ici. Le vet appelle donc SENASAG à d’innombrables reprises mais c’est toujours occupé. Je dois donc me rendre à l’autre bout complètement de cette ville de fous juste pour demander si des fois, ils pourraient pas accepter la lettre du vet.
Méchant défi pour trouver la place. C’est dans une ruelle. Je suis presque passé devant sans le voir. Je m’informe et on me dit que c’est pas dans le coin pantoute, que je devrais câller un taxi et le suivre pour me rendre là bas… puis une fille arrive et me dit que c’est juste la rue en arrière, dans la ruelle… et …c’est là.
Je dois parler avec le boss et je suis chanceux, il est encore là à 16:30h. Il me dit que oui, il pourrait accepter la lettre du vet mais que ce DOIT ABSOLUMENT ÊTRE CE SOIR avant 19:30h parce qu’ils ferment ce soir pour plusieurs jours parce que tout le département d’agriculture s’en va surveiller les frontières à cause du Dakar (la course arrive d’Argentine). Il y a donc extrême urgence!
Je re-traverse cette ville de fous pour retourner chez le vet pour qu’il examine Minnie et me fasse sa lettre. Quand j’arrive il est fermé. Il revient à 17:45h et me passe en priorité parce qu’il y a une crisse de filée de monde qui attend (yé ben correct en fin de compte, le gars). Thermomètre dans le cul, lumière dans les yeux pis les oreilles comme à chaque nouveau pays, Minnie est le chien le plus en santé de la planète.
À 18:20, certificats et lettre en main, je repars pour re-traverser cette ville de fous et retourner chez SENASAG. Le gars me reçoit tout de suite et passe la lettre du vet au peigne fin…ainsi que mon passeport. Il voit alors que j’arrive du Brésil alors que les papiers de Minnie disent qu’elle arrive du Pérou puisque je l’avais rentré en cachette au Brésil.
Petit moment de stress…
« Vous arrivez bien du Pérou? »
BoBoum, BoBoum, BoBoum (mon coeur…) « Euhh oui oui… »
Il est si pressé par le temps qu’il ne pose pas d’autres questions…
Pffioufff…..
Après qu’il ait imprimé un formulaire rempli de toutes sortes d’info sur moi et Minnie, je ressort de là, papiers en mains. En espérant que ça fera l’affaire des douaniers Chiliens.
Il est 19:30h, il fait noir, j’sais pas où je vais camper ce soir, j’ai pas encore dîné ni soupé pis j’suis toujours dans cette ville de fous.
Si mettons que quelqu’un vous demande si c’est ben du trouble de voyager avec un chien, vous aurez un exemple à lui donner…
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Quelques clichés pris entre Sucre et Potosi:
Non, il ne s’est pas levé…Je l’ai contourné.
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Un bus sur rails???
Et la charmante ville de Potosi. Plus laide que ça, tu meurs.
Potosi.
Ils ont bonne mine à Potosi
À Potosi, j’en profite pour aller visiter une mine. On en retire principalement de l’argent et du zinc.
Ici, les gars de l’usine de transformation recueuillent le « produit fini » sous forme de boue. C’est une pâte de zinc et d’argent qui séchera au soleil durant une semaine.
Les quarts de travail sont de huit heures, straight, pas de pause, pas de lunch. À pelleter de la boue.
Me voici bien équipé posant devant le cerro Rico où 45 mines minent littéralement l’intérieur de la montagne. Un vrai gruyère. Un jour, tout le monde le sait, ça va s’écraser…
Et voici notre guide, avec un VRAI bâton de dynamite dans la bouche. La folie ne porte pas toujours à tuer.
L’intérieur de la mine.
Belles couleurs à l’intérieur.
Et voici Tio. Selon la légende, c’est à Tio qu’appartient le minerais de la mine. Mieux vaut l’avoir de son bord. C’est pourquoi les mineurs lui offrent des feuilles de coca, des cigarettes, des guirlandes et s’assoient avec lui pour le prier. Nous demandons ses faveurs et trinquons avec le guide à l’alcool pur à 96%.
Bien équipé, le Tio.
Des stalactites de couleurs.
Je vous présente Ricky Martin (son vrai nom, paraît-il…).
Piocheux de profession, il creuse présentement un trou dans lequel il pourra insérer le bâton de dynamite dont je lui fais cadeau. Ici, les quarts de travail sont de…24 hrs. Pour aider à endurer ça, les gars se bourrent les joues de feuilles de coca qu’ils mâchouillent et dont ils diluent le jus avec… de l’alcool à 96%. L’effet de la feuille de coca dure environ 4 heures. C’est ainsi qu’ils savent (quand l’effet se dissipe) que 4 heures sont passées et qu’il n’en reste que 20… Par contre, aujourd’hui, Ricky se paye la traite et laisse son job quelques minutes le temps d’aller bouffer quelque chose…et de se remplir les joues de nouvelles feuilles de coca. Ben gentil, le Ricky, il nous offre une lampée de sa bouteille de 96% (dont le jus est d’un verdâtre pas super appétissant et au fond de laquelle on voit bien les nombreux petits morceaux de feuille de coca mâchouillées qui viennent de…on sait où ).
« Ah! Non euhh merci, je suis allergique… »
Mais ma voisine de visite elle, accepte le bouillon avec plaisir.
Beuark.
Après la visite de la mine (qui ne s’est pas effondrée aujourd’hui), je retourne camper dans le cratère d’un volcan (qui n’a pas fait éruption aujourd’hui), tout au bord d’un petit lac alimenté par des sources thermales.
30*C, belle température pour un bain.
Dans le prochain épisode, Uyuni et le Dakar.
À suivre…