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Eh bien… Je ne sais pas quoi vous dire, je ne sais pas par où re-commencer.
Il y a déjà plus d’un an que je n’ai pas posté ici. Les choses étaient très différentes à ce moment là. On était trois. Maintenant, il n’y a plus que Minnie et moi.
Poster sur ce blog nécessite beaucoup de temps et ça engendrait des tensions importantes entre France et moi. Assez importantes pour que ça en vienne au point où j’ai dû faire un choix. Soit continuer le blog ou continuer le voyage… Comme il n’y aurait plus de blog anyway s’il n’y avait plus de voyage, j’ai tiré la plug sur le blog.
J’étais vraiment désolé de faire ça, je le suis toujours, mais c’était la meilleure chose à faire à l’époque. France a pris la relève sous forme d’emails mais, au final, ça demandait autant de temps et les mêmes frictions sont revenues. C’est pourquoi, vous ne l’avez jamais su mais, les emails c’était fini aussi. J’ai ici le brouillon du message qu’elle n’a jamais eu le temps de vous envoyer et qui dit qu’à l’avenir vous pourriez (auriez pu) nous suivre sur Facebook uniquement…
J’ai pensé recommencer à bloguer à partir de la nouvelle année. Puis, j’ai pensé repartir ça à partir du moment où je suis revenu en Amérique du sud après les funérailles. Puis, je me suis dit que vous aimeriez peut-être savoir comment tout ça c’est passé. Je le sais, vous êtes curieux comme des belettes et moi, je n’ai rien à cacher…
On l’a pas eu facile en Colombie avec les nombreuses fois où on s’est fait vérifier et questionner par les Policia National , la saisie de No4, la chaleur et l’humidité extrème de Cartagena, le froid au parc El Cocuy et les différents problèmes avec No4 et les équipements du camper… En bref, la Colombie a été dure avec nous.
Puis l’Équateur. Beaucoup mieux. Plus facile. Avec le diesel à $1.00 le gallon, la belle vie.
Et ensuite le Pérou, où on a eu le meilleur et le pire. Des routes extrêmement mauvaises près de Huaraz, des paysages incroyablement fabuleux dans la reserva de Paracas. Au canyon del Pato, des routes plus dangereuses que la route de la mort de la Bolivie, des ruines sophistiquées partout dans la vallée Sacrée, les lignes de Nazca, les policiers corrompus qui voulaient du cash et, bien sûr, les îles flottantes du lac Titicaca.
Ce qui nous amène à la Bolivie. Où, à El Alto, on s’est retrouvé face aux blocages routiers (normaux). Des hommes et des femmes qui ramassent des pierres et menacent de nous les lancer. Jusqu’à ce que je coupe le moteur et que j’aille discuter avec eux, leur expliquant que nous n’avons rien avoir avec la source de leurs problèmes, que nous voulons simplement nous rendre à notre terrain de camping. À quoi ils répondent que ce n’est pas leur problème. Après plus de pourparlers et quelques temps plus tard, ils nous laissent passer et nous pouvons continuer, jusqu’à ce que ça recommence plus loin. Histoire courte, on s’est rendu sans autre dommage qu’un horaire chamboulé.
Et vous pensiez qu,on était en vacances! Voyager, c’est pas toujours facile.
Puis, on a « survécu » à la route de la mort. De la tarte. Vraiment. Une réputation plus que surfaite. Et on l’a fait pendant un orage! Jadis, j’imagine que ce sont beaucoup plus les conducteurs qui étaient mortellement dangereux sur cette route. Maintenant que c’est une attraction touristique, on y voit même des garde-fous (glissières), éléments qu’on ne rencontre sur pratiquement aucune autre route Bolivienne.
France et moi avions décidé qu’elle prendrait l’avion à Santa Cruz, Bolivie, le 5 octobre et que, pendant qu’elle serait au Canada pour trois semaines, je ferais une petite tournée au Brésil pour voir le Pantanal. Visiter cette région est ce qui se rapproche le plus d’un safari africain de ce côté-ci de l’Atlantique. Donc, le matin du 5 octobre 2015, à l’aéroport de Santa Cruz, nous nous dit au revoir avec un petit baiser en nous disant qu’on se reverrait dans trois semaines, le 27.
J’avais demandé à mon pote Jil s’il serait intéressé à se joindre à moi pour voir le Pantanal. Il a accepté avec joie et nous sommes partis à l’aventure. On a eu de la chance et on a vu des tonnes d’oiseaux de toutes les sortes et de toutes les couleurs, des milliers d’alligators et même huit (8) jaguars. La vie était belle. Même malgré quelques problèmes avec les bagnoles (qui allaient devenir très sérieux pour Jil plus tard.), la vie était belle. Et chaude. Genre 40*.
Comme le temps filait, on a tracé ferme et on s’est retrouvés à Campo Grande en après-midi, le 20 octobre. On a trouvé un hôtel (avec A/C !) et, vers 5h pm, on relaxait devant un burger et une bonne bière froide après avoir fait 480 kms ce jour là. Un record pour moi en Amérique du sud. La vie était belle.
Ce soir là, j’ai trouvé ça un peu bizarre que France ne réponde pas au email que je lui avais envoyé pour lui raconter mon exploit de la journée.
Le lendemain matin c’était encore plus bizarre quand j’ai vu que France, non seulement n’avait pas répondu à d’autres emails, mais qu’en plus, elle ne s’était pas présentée à la conférence que donnait notre amie Christiane pour le lancement de son livre la veille vers 6h pm.
Puis, quand j’ai vu ce email de Jessie qui disait combien elle s’inquiétait puisque, ce matin là, contrairement à ce qui avait été convenu, France ne s’était pas présentée pour garder Sam, son petit Sammy, son petit-fils, je savais qu’il se passait quelque chose de grave, de très grave.
Vers 1h pm, j’ai commencé à recevoir des emails de membres de la famille me pressants de les appeler. J’ai appelé Math, le père de Sam et il m’a annoncé la nouvelle.
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France à été vue pour la dernière fois quittant la maison de notre ami Rolland vers 4:30h pm le 20. Elle est ensuite passée chez-nous pour prendre quelques trucs qu’elle devait rapporter avec elle en Amérique du sud. Elle a dû se sentir mal. Ayant été diagnostiquée épileptique 2 ou 3 ans auparavant, elle savait ce qui s’en venait. Ou plutôt, elle croyait savoir. Elle s’est allongée sur le plancher du garage et a utilisé un gallon d’antigel comme oreiller de façon à ne pas se faire mal en tombant.
La jeune femme qui louait notre maison l’a trouvée sans vie le lendemain matin, suivant un appel de Math.
Après avoir vécu en proximité extrême avec moi pendant plus d’un an, après avoir été entourée d’amis et de sa famille pendant deux semaines complètes, elle est morte seule, sur le plancher de béton sale et froid du garage. Il n’y a pas de justice, en ce bas monde. C’est dégueulasse.
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Et moi, en un instant, dans cette chambre d’hôtel de Campo Grande, mon monde s’est écroulé. Ça paraissait si incroyable que, à ce jour, je ne peux toujours pas le croire. Elle est partie. Fini.
Elle ne verra jamais le petit Sammy marcher, parler, grandir, aller à l’école… Elle ne profitera jamais de notre maison en Arizona, achetée pour la retraite. Elle ne finira jamais ce voyage, avec moi.
Elle ne profitera jamais de la retraite, point. Elle a eu droit à 15 mois de retraite, point.
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Je me souviens très clairement de Jil, tenant sa tête à deux mains et disant: « C’est pas possible, c’est pas possible ».
J’ai eu tellement de chance d’avoir Jil avec moi à ce moment là. Sans lui, je ne sais pas ce qui serait advenu de moi. Je serais probablement devenu fou. Jil m’a été d’un support inconditionnel jusqu’au moment où j’ai été dans l’avion, en route pour le Canada.
Merci Jil. Sincèrement.
Je suis arrivé au pays le 23 octobre et, le temps que les funérailles s’organisent, j’ai revu France le 27, exactement comme prévu. Sauf qu’elle était dans sa tombe.
Pour tout le mois qui a suivi, j’ai littéralement surfé sur le support des meilleurs amis qu’il soit possible de trouver ainsi que sur celui des familles. Une incroyable et touchante démonstration d’amour et de soutien.
Merci à tous. Sincèrement.
J’étais cédulé pour un vol de retour le 21 novembre mais c’est seulement une fois à l’aéroport, prêt à embarquer, que j’ai appris que TOUS LES CANADIENS doivent avoir un visa pour entrer au Brésil. Je l’ignorais totalement puisqu’on ne m’a jamais demandé de visa la première fois où je suis entré. Bien sûr, quelles sont les chances que l’agent de la Policia Federal qui m’a laissé entrer avait déjà vu un Canadien arriver au Brésil PAR LA JUNGLE, EN VÉHICULE ?! Et quelles sont les chances qu’il s’en foute complètement?
De dix à quinze jours ouvrables. C’est le délai normal pour avoir un visa pour le Brésil à Montréal. J’ai eu de la chance, je l’ai eu après douze jours ouvrables. Ce qui représente un total de quatorze jours, bien sûr. J’ai eu de la chance, j’ai pu passer tout ce temps chez mes parents. Âgés de 81 et 82 ans, ils m’ont laissé utiliser la chambre de mon papa pour aussi longtemps que nécessaire. J’ai été traité comme un prince, entouré d’amour, j’ai bien mangé, j’avais accès à internet, à l’auto et à tout ce dont je pouvais avoir besoin. J’ai eu de la chance.
Merci Maman et Papa. Sincèrement.
Mais, en dedans, j’étais comme un lion en cage. Tout ce temps. J’ai eu tout ce temps pour penser. Je pensais que j’allais devenir fou. J’ai même consulté. Finalement, le visa est arrivé et j’ai pu retourner au Brésil.
Pensez-vous que j’étais un peu nerveux à l’aéroport?
Les premiers jours de retour à Campo Grande furent horribles. Dieu merci, Minnie avait été bien traitée à la maison où je l’avais laissée et elle allait bien. Heureusement, après presque deux mois, No4 aussi était en bonne forme, lui qui était resté dans le fond du parking de l’hôtel où je logeais.
Est-ce que ça été dur de retourner dans No4? Ça été plus que dur. Ça été terrible.
Le matin du 18 décembre, j’ai repris la route. Le but: Ushuaia, Argentina. Pour nous deux. Pour moi. Pour ne pas devenir fou.
À suivre…


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