Re traverser au Mexique via Mexicali c’est avéré être une erreur. On aurait dû prévoir qu’il serait impossible de se rendre jusqu’à un emplacement “sécuritaire” pour camper en une seule journée. À moins d’avoir été aux douanes à 6:00 du matin… Et encore…
Pour notre première nuit de retour au Mexique, nous devrons donc choisir laquelle des règles de base que nous nous sommes imposé nous devrons transgresser
Ne jamais dormir près des frontières.
Ne jamais dormir à un endroit où nous ne nous sentons pas à l’aise.
Ne jamais conduire la nuit.
J’aurais probablement conduit de nuit s’il y avait eu un bon endroit où s’arrêter à l’intérieur un rayon “raisonnable”. Mais il n’y avait rien qui nous semble “safe” avant au moins 5 ou 6 heures de route alors…
Tout en roulant, on regarde et on scrute sans arrêt jusqu’à la tombée de la nuit pour trouver un bon endroit mais le désert de Sonora n’offre pas beaucoup de possibilités de se cacher. Puis on aperçoit une entrée que l’on pourrait prendre et qui nous permetterait de nous dissimuler partiellement derrière une petite colline, voire un gros tas de pierres. Il y a un building (maison?) en construction ici ce qui nous fait dire qu’on se trouve probablement sur un terrain privé… Nous sommes sur la route 2, entre San Luis Rio Colorado et Sonoyta, à un jet de pierre de la frontière… Mais la nuit tombe et c’est ce qu’on a vu de mieux à date.
Il faudra que ça fasse pour cette nuit. Nous réglons le réveil pour 5:00h am espérant “fuir” avant l’arrivée du proprio et des travailleurs de la construction.
Ne jamais dormir à un endroit où nous ne nous sentons pas à l’aise: Check.
Ne jamais dormir près des frontières: Check
Debout avant l’aube, on ferme le toit et on saute sur la route au plus vite. C’est seulement que plusieurs kilomêtres plus tard que nous réaliserons que nous avions changé de fuseau horaire la veille, à San Luis, et qu’on s’était levé à 6:00h…
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On s’arrête pour prendre un café à Sonoyta et je remarque qu’un des pneus arrière semble mou.
M: “Baaah, le camion est lourd et je suis stationné dans un trou…”`
Plus tard, à Caborca, on s’arrête de nouveau et je vois que le pneu a vraiment l’air mou.
C’est-à-dire qu’il n’a pas l’air mou, il est mou.
M: “ Shit, on a un flat! Je vais essayer de le re-gonfler en espérant que ça tienne jusqu’à Bahia Kino.”
On descend sur Hermosillo sans flâner et on prend un by-pass dont on apprend l’existence dans le livre “Guide to Mexican camping” de Mike et Terri Church (très bon guide, en passant). Ce by-pass nous amène à traverser des collines sur une route étroite et sinueuse. En doublant un camion (oui, oui, on a doublé quelqu’un! Imaginez à quelle lenteur il circulait!), je peux sentir No4 valser de gauche à droite…
Le pneu doit commencer à être vraiment mou…
On s’arrête au premier Pemex pour faire le plein de fuel et d’air (puisque la grande affiche indique “diesel”) mais je trouve bizarre le fait que le pistolet de la pompe soit couvert de toiles d’arraignées et d’une épaisse poussière, presque du sable. Je suis en train de me dire qu’il n’est pas question que je mettes cette merde dans mon réservoir quand le préposé se pointe et annonce:
Prép: “Lo siento, no diesel ahora”
Ben sûr que non, voyons.
M: “Tienne aire?”
Prép: “Si, si aire!”
Mais le problème s’est aggravé et le tube ne retiens tout simplement plus l’air maintenant. Je n’ai pas d’autre choix que d’installer un des pneus de rechange. Le préposé, ne perdant pas de temps, s’occupe de déposer la roue pendant que je travaille avec le cric.
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Quelques minutes et un petit pourboire plus tard, on est de retour sur la route.
Comme j’engage la quatrième vitesse, j’entend la sirène du policier derrière moi.
On nous arrête.
Le flic, super gentil, nous donne la main à tous les deux (il doit se pencher loin à l’intérieur du camion, le bras tendu, pour me rejoindre) et nous souhaite la bienvenue à Hermosillo. Dans la même phrase, il me demande mes papiers et poursuit en disant que nous excédions la vitesse permise et que nous devrons le suivre au poste de police où une amende de $100 US nous sera remise.
M & F ensemble: “Non, non, non, ça ne se peut pas!”
Officier en semi-Anglais: “Si senor! Je vous ai attrapé au radar.”
M: “À quelle vitesse je roulais, alors?”
Officier, hésitant: “Uhmmmm à peu près 70.”
Nous deux à l’unisson: “C’est impossible! Cette bagnole est sloooooow. On ne pouvait pas rouler 70, c’est impossible!”
Je feins vouloir sortir du camion: “Montrez moi le radar! Je veux voir le radar!”
Officier: “Non, non, restez dans l’auto, nous allons au poste.”
M: “Je ne vais nulle part avant d’avoir vu le radar! Il y avait une autre voiture qui nous dépassait quand vous nous avez croisé (ce qui est vrai). Ce doit être elle que vous avez attrapé!”
Officier, maintenant en Espagnol: “Ok, Ok, je vais vous donner une chance pour aujourd’hui mais ralentissez, OK.”
Et sur ce, il saute dans son camion et disparaît.
Je crois que nous venons d’éviter de payer notre premier policier corrompu.
J’imagine qu’il n’a pas remarqué que nous n’avions pas bouclé notre ceinture ni l’un ni l’autre…
Le prochain Pemex a du diesel mais ça prend au moins 20 minutes avant que le préposé finisse par réussir à passer notre carte de crédit. Au moins, il a réussi.
Tout ça, et nous n’en sommes toujours qu’à notre première journée au Mexique. Journée qui n’est pas terminée, d’ailleurs.
Vous ai-je mentionné que la vraie Aventure était commencée?
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100 kms plus tard, nous sommes a Bahia Kino où nous trouvons un chouette petit camping sur le bord de la mer. Islandia, que ça s’appelle. Martha, la gérante et la grande majorité des campeurs ici (la plupart des Gringos) sont des gens merveilleux. Philippe, un Français d’origine, nationalisé Américains depuis plusieurs années et maintenant résidant au Mexique de façon semi-permanente, nous invite à joindre leur groupe et à trinquer sur la plage. Nous sommes instantanément intégrés à la famille.
Nous avons du bon temps en bonne compagnie à un “dîner communautaire” chez Jose-Luis et Juanita le lendemain. Il y a BEAUCOUP de bonne bouffe que tous ont préparé et se partagent.
José-Luis à droite.
Isabelle et Annette s’amusent bien!
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Mais attendez! C’est Robin, là, au milieu!!
Quant à Philippe, il ne cesse de nous gâter avec des pains maison, des baguettes et des petits pains déjeuner. Il est difficile de trouver du bon pain au Mexique. Du pain maison? Oubliez ça! On est très gâtés! Merci.
On se plaît tellement ici que notre arrêt d’une nuit s’est transformé en séjour de 4 nuits, 5 jours.
Bonne compagnie, joli décor, difficile de ne pas aimer, n’est-ce pas?
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Éventuellement, je dois me rendre à l’évidence, la crevaison ne va pas se réparer toute seule… Va falloir que je m’y mettes. Ça ne peut pas être les vacances tout le temps…
Ici, j’utilise le highlift jack pour décoller le pneu de la jante.
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Il appert que j’aurais mal installer le nouveau tube lorsqu’on était en Arizona. J’aurais laissé un pli qui, avec la friction et la pression, aurait finit par user le tube jusqu’à le percer. Ma faute.
Qu’à cela ne tienne, je serai récompensé pour mes efforts ce soir par des petits pâtés et pains maison ainsi qu’une excellente soupe de poisson que Philippe et Michèle ont préparé pour nous.
Tôt le lendemain matin, nous faisons nos adieux à tous nos nouveaux amis et nous nous retrouvons de nouveau sur la route.
Adios, Michelle et Philippe. Ce fut un réel plaisir de vous rencontrer ainsi que tous les autres membres de “votre famille”.
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À suivre…