Le Mexique oui, mais par où?
Après avoir laissé les jeunes à l’aéroport, nous nous trouvons un camping où nous crêcherons pour 4 nuits. Les emplacements sont minuscules, le signal internet est bon et le spa est bien chaud. On est heureux.
Nous vivons avec un petit problème de moteur depuis un certain temps mais je crois que maintenant, avant de s’aventurer en terrain inconnu (de nous), serait le bon temps d’addresser le cas et de le régler.
De plus, nous ne sommes pas vraiment certains de savoir quel route prendre au Mexique dû au fait que certains endroits sont réputés instables depuis le kidnapping (et probablement le meutre) de 43 étudiants protestataires il y a environ deux mois…
Je me met à la tâche sur No4 pour tenter de trouver à quel endroit un peu d’air peut bien réussir à s’infiltrer dans le circuit d’alimentation en fuel du moteur pendant que France contacte son frère Michel, qui connaît très bien le Mexique, pour lui demander son avis au niveau des routes à prendre.
Il ne se passe pas longtemps avant que je ne comprenne qu’il n’est pas facile de trouver un endroit tranquille où bricoler sur sa voiture quand on se trouve près de San Diego, Californie. Une fois de plus Jim, qui a grandi à quelques rues d’où nous campons, nous sauve la vie en contactant son meilleur ami qui lui, nous offre de nous installer sur son terrain.
Merci à vous Mike et Charmaine et encore une fois merci à toi Jim.
Après inspection approfondie, je trouve un raccord et un boyau de retour de fuel qui sont desserrés et qui pourraient être la cause du problème. Les resserrer est l’affaire de moins d’une heure ce qui me donne le temps de faire un changement d’huile en plus! On se croise les doigts pour que je sois tombé sur le problème du premier coup mais ça prendra un certain temps avant de le savoir puisqu’il s’agit d’un problème intermittent.
Tout au long de notre séjour de quatre jours ici France, grâce à son frère et à internet, accumule les informations sur la situation réelle au Mexique. Il appert qu’il pourrait y avoir des manifestations au peu partout au pays (et pas seulement dans l’état de Guerrero, où les kidnappings ont eu lieu) , mais que ces manifs sont généralement pacifiqueS. Bien sûr, la manif où se sont passés les événements était sùrement sensée être pacifique, elle aussi…
La décision est prise de nous diriger vers le continent Mexicain en entrant à Mexicali puis en prenant vers l’est et le sud sur la route 2, la route principale qui suit plus ou moins la côte ouest. Nous tenterons de garder les grandes artères étant donné que les plus petites routes semblent faire l’objet de barrages routiers à l’occasion.
Mexicali, encore une fois.
C’est la troisième fois que nous traversons les douanes à Mexicali en deux semaines. Cette fois-ci sera un peu différente par contre, puisque, contrairement aux deux dernières fois où on est entré au Mexique, on le fera « légalement » en nous procurant des « tourist cards » et un permis d’importation temporaire de véhicule pour No4 ce que nous avions malencontreusement « oublié » de faire les fois précédentes…
En arrivant aux lignes, je dois choisir: No4 est-il une automobile ou un VR?. Par suite d’une défaillance momentanée de la raison, je choisi VR.
Mauvais choix.
Les officiers des douanes fondent littéralement sur nous comme sur une proie. Nous sommes instantanément devenu leur divertissement de la journée.
Le jeune homme est poli et pourrait même être presque amical mais il veux tout voir. Quelqu’un de politiquement correct vous dirait qu’il fait son boulot de façon professionnelle. Moi je dis qu’il est juste curieux car il n’a jamais vu de véhicule semblable.
Officier: « Qu’est-cé qu’il y a là-dédans?, Qu’est-cé que cé que ça?, C’est quélle yano, l’auto?, Combien elle a coûtée?, Yoù l’avez-vous ahhétée?, Dépouis combien de temps l’avez-vous?, C’est quoi céci?, C’est quoi céla?, Combien de miles au galone?, Comment ye peux faire pour déménayer au Canada? »
M: » Pardon? »
Officier: « Comment ye peux faire pour déménayer au Canada? »
M: « …..Je pense que le plus simple serait que tu maries un Canadienne… »
Officier: « Naaaaah, no bueno, yé déya ouna femme. »
M: « Oui mais nous en avons de bien meilleures au Canada! »
Officier: « Ha Ha Ha! OK, vous pouvez passer. Buen viaje! »
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C’est maintenant que la partie intéressante commence. Je demande où aller pour avoir nos « tourist cards ».
Officier: « Aqui, a la izquierda ».
M: « …Ben sûr… » Izquierda signifiant gauche, je sors de la gate suuuuuuper lentement et comme, évidemment, je me trouve dans la dernière voie sur la droite, je coupe les quatres voies sur ma gauche pour atteindre le stationnement d’un building sur lequel je crois reconnaître le logo du département de Migracion.
Rien à craindre, on a des assurances, ce coup-ci…
Aussiôt dans le parking, un autre jeune homme nous acceuille et nous explique, dans un très bon anglais, que nous sommes au bon endroit. Une fois à l’intérieur, deux autres hommes, en habits officiels, s’occupent bientôt de compléter les formulaires de demande de nos visas de touriste. Mais pour pouvoir faire estampiller nos visas, nous devons d’abord aller payer pour ceux-ci à la banque « Bancomer ». Qui, bien sûr, se trouve à trois pâtés de maison des douanes… Laissant donc passeports et papiers d’identité derrière nous, nous prenons le trottoir vers la banque. Et, à moins de cent mètres des douanes, nous tombons sur notre première manifestation…
Des douzaines des jeunes étudiants, la plupart dans la vingtaine, tous vêtus de noirs, certains portant foulard ou cagoule pour cacher leur visage, scandent des slogans incompréhensibles (pour nous) dans des méga-phones. Ils ne nous semblent pas vraiment menaçants comme tel mais, ne prenant pas de risques, nous sautons dans la rue pour les contourner et pressons le pas vers la banque.
Cette rue pourrait très bien être une rue Mexicaine typique, très bruyante, avec des dizaines de boutiques offrant tout ce que vous pouvez imaginer (et plus), des murs tapissés d’enseignes au couleurs criardes, des voitures qui klaxonnent, d’innombrables taco stands, des vendeurs de tous acabits qui tentent de crier plus fort que leur voisin, le tout sur un fond de musique Mexicaine avec accordéon et trompette. Et l’odeur… Mon Dieu, l’odeur. Ils doivent certainement avoir un problème avec leur système d’égoût…
On navigue à travers ce dédale comme des étrangers venus d’une autre planête. Mal à l’aise.
En arrivant de l’autre côté de la rue, un Mexicain se dirige vers nous et nous aborde, nous demandant si nous avons besoin d’aide et si nous cherchons quelque chose. J’imagine qu’on doit avoir l’air perdus…
Doutant de ses intentions, on continue de marcher en lui mentionnant toutefois qu’on cherche la Bancomer.
Mexicain: « Vénez avec moi, souivez-moi. Ye vous y amène, cé né pas loin, youste ici… »
On continue de marcher sur le trottoir, cherchant la banque et suivant le type plus ou moins par accident. Comme on arrive à la Bancomer, l’homme ouvre la porte pour nous et nous explique où sont les guichets et le ATM. Une fois à l’intérieur, je me retourne vers lui, convaincu à 200% de le voir la main tendue. Mais il est déjà de retour dans la rue, s’éloignant d’un pas alerte…
Le caissier prend notre argent et nous donne un reçu mais nous informe que nous devons utiliser l’ATM (guichet automatique) pour avoir des pesos. Évidemment, l’ATM ne prend pas notre carte de crédit… Mais il accepte une carte de débit et nous voilà bientôt de retour sur la rue, dinero en poche.
Le trajet de retour vers la Migracion est semblable à l’aller mais nous nous sentons déjà plus en confiance. C’est drôle comme le fait de savoir où vous allez peut être rassurant.
Sortis de la Migracion, passeports, ID et tourist cards en main, on se dirige vers la Banjercito la plus près afin d’obtenir le permis d’importation temporaire de No4. Bien entendu, il n’y aucune chance pour que ce soit situé tout près. Non, il faut rouler sur 10 kms jusqu’au prochain poste de douane où elle est située.
Il y a exactement 10,000 stops et feux de circulations sur ces 10 kms de rue. Je les ai compté.
On doit attendre que les étudiants protestataires quittent les lieux pour pouvoir traverser la rue.
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À l’approche de l’autre poste frontière, je réalise que je devrai prendre le tout dernier U-turn avant de me retrouver à la guérite d’entrée des USA pour me rendre au building où je crois que se trouve la Banjercito. Je ne veux pas manquer ce dernier U-turn et retourner aux US maintenant. Non Mossieur.
Après avoir réussi le fameux U-turn, je suis tout heureux et je rate le virage à droite pour l’entrée du stationnement. Il semble que je devrai recommencer toute la manoeuvre…
Je décide de m’arrêter et de demander à un gardien de sécurité:
M: « Donde esta la Banjercito? »
Gardien: « Baarrrrramblarrrrnisssstomaaarrrmanblarrrr. »
M: « Perdone, donde esta la Banjercito, por favor? »
Gardien: « Baarrrrramblarrrrnisssstomaaarrrmanblarrrr »
M: « Ouais, pas d’avance ben ben, ça… »
Il n’y a pas longtemps que nous sommes arrêtés là mais c’est curieux comme le taux de stress monte rapidement quand vous êtes stoppés en pleine voie de circulation, au Mexique, à la sortie des douanes.
Tout à coup le type sort, abandonne sa guérite et se dirige vers le parking que j’ai raté en me faisant signe de le suivre. Pour ce faire, je dois me taper un autre U-turn à travers les trois voies de circulation qui sortent des douanes. Ce que je fais.
Derrière l’une des portes du building, personne ne parle l’anglais. Le français? Vous voulez rire?
Je crois comprendre que le type derrière le bureau nous dit que ce qu’il croit comprendre que nous voulons ne sera pas disponible avant… Deux mois!
Type: « Possiblément en Yanvier o Fébrier… »
M: « Ça se peut pas. Y a quelque chose qui ne marche pas. On doit pas être à la bonne place, c’est sûr. »
Nous sortons et trouvons finalement l’endroit, à la toute fin du building. Cinquante dollars et un dépôt de $200 plus tard, nous en ressortons avec un beau permis tout neuf pour le vieux No4.
La Vraie Aventure est commencée. Nous sommes au Mexique depuis deux heures.
On célèbre avec des tacos et de la cervesa con chili.
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À suivre…